Blog de Joël Gombin

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La cantonale fait-elle la participation ?

Posted by joelgombin sur 25 mars 2010

Entre 2004 et 2010, l’abstention aux élections régionales a très fortement augmenté, de plus de 14 points.

Parmi les nombreuses raisons qui peuvent expliquer ce phénomène, il en est une dont l’impact peut être quantifié. En effet, jusqu’en 2004, les élections régionales ont toujours été accolées à une autre élection (législatives, cantonales…). Or, pour la première fois en 2010, aucun autre scrutin ne se tenait le même jour. Se pourrait-il que l’incitation à se rendre aux urnes soit moindre pour les électeurs lorsqu’ils n’ont qu’un bulletin à glisser dans l’urne ?

Pour estimer l’effet sur la participation de la tenue d’un autre scrutin le même jour, on peut utiliser les élections régionales de 2004. Le même jour se tenait, dans la moitié environ des cantons, des élections cantonales, puisque les conseils généraux sont renouvelés tous les trois ans par moitié. On peut donc comparer le taux de participation aux élections régionales dans les cantons où se tenait une élection cantonale avec ceux dans lesquels il n’y en avait pas. Comme l’année de renouvellement des cantons a été sélectionnée de manière aléatoire, on est face à une véritable expérimentation naturelle.

La différence moyenne s’élève à 4,4 points de participation environ. Ce n’est pas négligeable, mais évidemment loin de pouvoir expliquer la progression de l’abstention entre 2004 et 2010.

Il faut préciser que cette comparaison est un peu simpliste : en effet, on peut imaginer que lorsque l’élection régionale est couplée à un scrutin cantonal, l’effet d’entraînement de ce dernier dépasse les seuls cantons renouvelables, à la fois en termes de médiatisation et de campagne électorale, et aussi parce qu’en milieu urbain en particulier, on peut être exposé à une campagne cantonale alors même que son canton n’est pas renouvelable.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que le différentiel de participation diffère beaucoup d’un département à l’autre : il varie de -19,9 points dans la Lozère à +3,1 points dans le Val-de-Marne ! De manière générale, il semble bien que plus un département est rural, et plus le différentiel de participation est élevé. A l’inverse, dans les départements les plus urbains, la tenue d’une élection cantonale ne change rien, ou presque, au taux de participation. Cela n’est guère étonnant dans la mesure où, on le sait, l’importance du conseiller général est très grande dans les zones rurales ; à l’inverse, il est beaucoup moins bien connu par la population dans les villes.

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